VANILLE : le temps des légendes :
Dans la région chaude et fertile de Veracruz, au Mexique, vivait le peuple Totonaque . Pacifique ils étaient de très habiles cultivateurs.
Leur premier roi ordonna de construire des temples consacrés à leurs dieux.
L'un des plus réussit était dédié à la déesse des semences, des tortillas et la nourriture qui s'appelait Tonacayohua.
Cette déesse avait à son service douze des plus belle jeunes filles de la région qui devaient faire vœu de chasteté pour la vie une fois rentrées à son service.
À l'époque du roi Teniztli III, une de ses épouses eu une fille d'une fabuleuse beauté que l'on nomma "étoile du matin". Son père décida qu'elle consacrera sa vie au temple à l'adoration de la déesse.
Mais son destin croisa un jour celui d'un jeune prince également d'une grande beauté nommé "jeune cerf".
Ils tombèrent éperdument amoureux l'un pour l'autre. Un matin, la princesse profita d'aller acheter au village des tortillas qui servaient d'offrande au temple, pour retrouver son prince, en secret.
Bien que risquant la peine de mort, il l'enleva et s'enfuirent tous les deux dans les bois alentours.
C’était sans compter sur la colère de la déesse qui fît alors apparaitre dans la forêt un monstre cracheur de feu ce qui les obligea à battre en retraite.
Les prêtres du temple les ayant suivit, ils furent capturés dans une clairière.
Après s'être donné un ultime baiser, Ils furent tout deux condamnés à mort.
A l'endroit de la clairière où leur sang coula, l'herbe se mit à sécher et après quelques mois, au grand étonnement des prêtres, sorti de terre un arbuste au beau feuillage bien épais.
Puis une belle orchidée poussa au pied de cet arbuste, la tige verte enlaçait le tronc si fort que l'on ne pouvait l'en détacher.
Un matin, des fleurs en forme d'étoile couvrirent la gracieuse plante.
Les villageois, toujours plus nombreux chaque jour, accouraient pour observer ce prodigue et leur surprise fut grande lorsque les fleurs se transformèrent en de longues gousses fines qui dégageaient un parfum doux et sucré jusqu'aux alentours.
On déclara cette plante cadeau sacré et divin et on lui donna le nom de xanath "fleur secrète" en langue nahuatl.
Depuis cette époque, la vanille est la reine des épices et ne se développe qu'à condition qu'elle puisse s'enrouler autour du tronc d'un arbuste qui lui donne la fraicheur de son feuillage.
La vanille du Mexique à Madagascar :
L'année 1519 est une date fondamentale pour la vanille.
En effet, à la tête d'une expédition espagnole venue de Cuba, Hernan Cortés débarque sur la côte du Golfe du Mexique, où il fonde la ville de Villa Rica de la Vera Cruz " ville riche de la vraie Croix" car découverte le vendredi saint. Elle deviendra par simplification Veracruz
La rencontre de cette expédition avec l'ethnie Totonaque fut pacifique. ICI une vision donnée par un voyageur à l'intemporalité du monde. Merci à lui.
Très habiles cultivateurs et tisserands, leur culture raffinée provoqua l'admiration des navigateurs Espagnoles.
Imaginez découvrir en quelques jours le Maïs, le piment, les courges, les haricots verts, les tomates, les cacahuètes et le cacao que l'on boira jusque dans les églises, de l'or, des broderies, des matériaux inconnus, etc...qu'elle ivresse d'avenir radieux pour tous ces "conquistadors".
Les Aztèques qui peuplaient les hauts plateaux mexicains avaient conquis militairement les régions tropicales Totonaques en y construisant des forts et en réclamant de l'occupé de lourds impôts agricoles (maïs, cacao, vanille, tomates, etc...).
Fin statege, Cortés établi son camp à Zempoala, capitale des Totonaques, cité sacrée, à 84 km au Nord de Veracruz. Il y signa la même année de son débarquement un traité d'alliance avec le roi de la région contre les Aztèques qui demeuraient à Mexico non loin de là et dans lequel il allait pénétrer à la fin de l'année.
Il bénéficiait donc d'un allié accommodant, riche, aux produits variés et inconnus en Europe.
Car si la conquête de cette "nouvelle Espagne" avait une importance évangélique pour la couronne et le Pape, elle revêtait également une importance économique majeure et Cortés avait vraiment "accosté" au bon endroit au bon moment.
On se réfère souvent au codex de Florence (une des copie du codex écrit par le moine Sahagún et retrouvé à Florence) pour affirmer que Cortés à découvert la vanille en 1519 à l'occasion d'une cérémonie ayant eu lieu avec l’empereur Aztèque Moctezuma II.
Cette description de l'usage fait de la vanille par les Aztèques ne veut pas dire que les Totonaques n'ont pas fait découvrir la vanille à Cortés ou à ses hommes durant son séjour de plusieurs mois chez eux.
La vanille à la conquête du monde.
Il faudra attendre plus de 150 ans pour que la gousse de vanille commence à faire sérieusement parler d'elle au seins des cours d' Europe et que Louis XIV tente de l'introduire à L'ile Bourbon (actuelle Réunion) dans l'océan Indien.
La pharmacopée européenne lui trouve en effet des vertus aphrodisiaques dont les mœurs et les courtisanes de l’époque sont très demandeuses...
Les gousses étaient alors utilisées en infusion dans le bain chaud, en friction sur le corps et, accessoirement, pour parfumer le cacao chaud.
Au même moment, la tomate (tomatl en nahualt), elle aussi fraîchement débarquée du Mexique, s'appelait "pomme d'amour" et ne servait qu'à décorer les salons tendances...On employait le terme "cacao à double ou triple vanille" pour souligner l’excellence et la puissance aromatique (et aphrodisiaque) du breuvage.
Les nombreux essais des botanistes et des amateurs les décennies suivantes finirent par donner aux pieds de vanille importés du nouveau monde les résultats tant espérés. La vanille prospéra, se développa et on inventa même un moyen de féconder manuellement ses fleurs car l'insecte pollinisateur était resté au Mexique.
D'où vient la vanille Bourbon ?
En 1786, le marquis de la Fayette acheta une concession en Guyane.
De nombreux épices y étaient cultivés dont la vanille provenant sans doute directement ou indirectement du Mexique. En effet on sait que dés
1694, le gouverneur de Guyane Ferrolles, avait imposé la culture de la vanille dans le règlement des concessions.
A la mort du Marquis en 1834, on sait que son domaine "confisquée en 1794 par les révolutionnaires " était très développé et alimentait en fruits et légumes les marchés de Cayennes et environs.
Déjà, en 1819, « Le Rhône » et la « Durance », navires du capitaine Pierre-Henri Philibert (natif de Saint Denis), partis de France, font escale à Cayenne. Le commandant Philibert et le botaniste Perrotet purent prendre en Guyane des plants de vanille (vanilla fragans) pour les transporter à la Réunion, ils n‘étaient cependant cultivés dans les jardins qu’à titre de curiosité. Les premiers plants de Vanille qui ont été introduits à la Réunion ont été prélevés à CAYENNE…
Extraits du journal de bord de Pierre – Henri PHILIBERT, commandant de marine (Source Histoire générale des choses de la nouvelle Espagne / Bernardino de SAHAGUN) :
« En effet, je débarquai ce jour-là même de la gabare de l’Etat le Rhône, sur laquelle j’étais embarqué en qualité de botaniste agriculteur du Gouvernement, plusieurs caisses de végétaux divers, entre autres des boutures de vanillier, la plupart déjà enracinées, que je me procurai à Cayenne où l’expédition relâcha et séjourna quelques jours »
« … à Cayenne on ignorait absolument ce qui pouvait lui être utile. C’est par intérêt que je porte à Bourbon, c’est par zèle à ce que je crois utile à notre patrie que je sollicitai de Monsieur le Commandant et administrateur pour le roi, à Cayenne, de me donner 990 plants et graines que je crois utiles à cette colonie. Le général (CARA ST-CYR) les fit ramasser sur plusieurs habitations royales. J’obtins aussi des pieds de vanillier de plusieurs habitants afin d’en avoir qui fussent venus sur des terrains différents… »
« la Guyane étant peu cultivée, je n’ai pu m’en procurer autant que je l’aurais désiré….je crois que vous regardez comme un bienfait, l’introduction du vanillier dans cette colonie (Réunion) qui peut lui offrir une source de prospérité »
Du domaine "Gabriel", il ne subsiste que quelques ruines mais qui sait si des pieds de vanilliers ne s'y trouvent pas encore ?
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D'autres pieds de vanilliers furent introduit à la Réunion, en 1820 venant de Manille où des Espagnoles l'avait introduite. Des boutures de la serre du jardin des plantes de Paris sont confiées à Mr Marchant, ordonnateur de Bourbon, où elles sont plantées au domaine "de la belle eau" chez sa belle mère en1822.
Elles sont probablement les ancêtres des vanilliers de Saint Suzanne ou un jeune esclave, Edmond Albius, trouve un moyen de féconder artificiellement les fleurs et obtenir une fructification importante.
Elle fut introduite à Madagascar vers 1880, où il y avait plus de surfaces cultivable et un climat idéal sur la cote Nord Est.
La demande mondiale égalait déjà les 1000 tonnes par an en 1929.
Une autre variété, maintenant certifiée hybride qui existait peut être dés son origine mexicaine, fut introduite aux iles sous le vent (Polynésie Française), c'est la vanille de Tahiti aux arômes si particuliers.
On trouvera dans une multitude de documents sur la vanille, le plus complet reste " Le vanillier et la vanille dans le monde de Gilbert Bourriquet des détails passionnants sur le destin incroyable de cette orchidée qui a véritablement su conquérir les hommes sur toutes les faces de ce monde, de très grands vents parfumés... le souffle encore vivant d'un impossible amour terrestre mais qui résonne pour toujours dans l’éternité.